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De Mary Higgins Clark au Ciel en Cage...

 

    Je vais commencer cette chronique par une mauvaise nouvelle : vous l’aviez déjà annoncé dans la dernière matinale ; le monde des livres est en deuil, la reine du suspens, Mary Higgins Clark, n’est plus. 51 ans de carrière, 50 romans, plus de 120 millions d’exemplaires vendus dans le monde : Mary était une écrivaine accomplie. Autant vous dire que des prix, elle en a eu un paquet, 11 au total, et qu’elle en a inspiré plus d’un.e. Son dernier roman, En Secret, était paru en 2019, et demeure le dernier ouvrage de l’autrice. La relève est déjà assurée puisque sa fille, Carol Higgins Clark, est une écrivaine accomplie, avec qui elle a co-signé plusieurs romans, et sa belle-fille, Mary Jane Clark, n’est pas en reste avec ses 12 romans sortis depuis les années 2000. Mary Higgins Clark s’est éteinte le 31 janvier 2020, à l’âge de 93 ans, et on a déjà envie de nous replonger dans ses romans, pour nous rappeler à quel point Mary avait pu nous faire peur. Elle avait pour habitude de dire “Vivez votre vie comme si vous pouviez tout perdre” : une chose est sûre, Mary aura vécu de sa passion jusqu’à la fin, et nous laisse un héritage colossale, de quoi frissonner pour encore quelques décennies.

 

  Ce petit hommage rendu, il faut que je vous parle à présent d’une autre écrivaine, au style tout à fait différent : certain.e.s connaissent certainement plus sa musique que ses écrits, et à juste titre, puisqu’elle est considérée comme la “marraine” du mouvement punk : je parle ici de Patti Smith. Patti Smith, c’est 53 ans de carrière durant laquelle elle a tout fait et tout vécu : artiste accomplie, femme engagée, elle entre au Rock’n’roll Hall of Fame en 2007. Mais si je vous parle d’elle surtout, c’est parce que Patti aime écrire, énormément. En 2017, c’est elle qui représente Bob Dylan à la remise du Prix Nobel, et en 2010, elle recevait déjà le National Book Award pour son récit autobiographique, Just Kids, où elle raconte ses années New Yorkaises créatives mais fauchées. Eh bien figurez-vous que cette année, Patti succèdent aux grandes Toni Morrison, Margaret Atwood et J.K Rowling : le 19 mai lui sera remis le prix du “service littéraire” PEN America, prix prestigieux qui récompense chaque année les auteur.e.s écrivant sur la condition humaine et s’opposant à la répression sous toutes ses formes. Jennifer Egan, la présidente de l’organisation, a déclaré à propos de Patti : “Dans toutes les passionnantes incarnations de Patti Smith - divinité rock, poète, témoin éloquent du New York bohême de sa jeunesse - elle a témoigné du pouvoir de transformation de la littérature dans sa propre vie, et a utilisé sa célébrité pour encourager ses légions d'admirateurs à lire et à écrire”. N’hésitez pas à aller découvrir les écrits de Patti Smith, qui vous feront certainement voyager entre le New York des années 70 et les rêves secrets de l’artiste. Ça donne envie.

 

Maintenant, passons au cœur de ma chronique : vous savez de quoi je parle. On en parle tous et toutes depuis ce matin, 6h, quand les premiers résultats ont été publiés, un peu plus tôt pour moi puisque je les ai suivis en direct : eh oui pour vous, cher.e.s auditrices et auditeurs, je suis levée depuis hier, 11h du matin, afin d’être au plus proche de l’info et du scoop ! Bon vous vous en doutez je vais surtout vous parler des scénarios adaptés, puisque cette année était nommée deux films adaptés de récits d’écrivaines dans la catégorie : Jojo Rabbit, ou Le Ciel en cage de Christine Leunens, et Little Women, aka Les Quatres fille du Docteur March de Louisa May Alcott, mais ça vous le saviez déjà car vous aviez bien sûr écouté toutes mes chroniques. 

Et comme vous vous en doutez… eh bien oui, elle l’a fait ! Jojo Rabbit remporte l’Oscar du meilleur scénario adapté, et met à l’honneur l’autrice néo-zélandaise Christine Leunens pour l’occasion. Je salue au passage Little Women, qui l’aurait évidemment également mérité ! Mais parlons un peu de Christine ce matin : et figurez-vous qu’elle n’est pas étrangère au monde du cinéma ! En 1990, elle s’installe en Picardie, terre française, et commence l’écriture de pièces de théâtres et de scénarios de films, si bien qu’en 1996, elle reçoit le prix du centre national du cinéma, sous la présidence d’Isabelle Huppert. Mais elle change de voie, un an et un séjour littéraire à Oxford plus tard, et commence à rédiger son premier roman : Primordial Soup voit le jour en 1999. Il faut savoir que Christine est la petite-fille du peintre Guillaume Leunens, dont les années passées dans un camp de travail allemand de la Seconde Guerre Mondiale ont largement influencé son travail. Vous voyez où je veux en venir ? C’est en 2000 qu’elle commence ses recherches sur les jeunesses hitlériennes et Vienne durant la guerre et écrit ainsi… Le Ciel en cage. Pluie de prix prestigieux : le livre est tout d’abord adapté au théâtre, avant de tomber dans les mains du réalisateur Taika Waititi. Entre temps elle aura passé un master, puis une thèse, et publié un troisième roman, Le Soleil en boîte, en 2013. Elle est actuellement en préparation de son prochain roman, qui reviendra sur les événements du Rainbow Warrior et se passera entre Auckland et Paris. Cette année, Le Ciel en cage lui vaut de tenir la statuette du meilleur scénario adapté, un livre dans lequel, dit-elle, avait mûri ses histoires de familles, et leurs obsessions, leurs convictions, l’horreur. Et l’espoir. Et quel espoir, surtout celui qu’elle incarne auprès de toutes les écrivaines, celles d’aujourd’hui et de demain, l’espoir que l’on a toutes un rôle a joué, et que tout est possible.

 

En tout cas, ces histoires, cet Oscar, nous prouve encore une fois que les écrivaines n’ont pas écrit leur dernier mot.

 

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