Dans la première chronique de cette année, et alors que je débutais les matinales, je vous parlais, rappelez-vous, de la saga Hunger Games et vous annonçais que Suzanne Collins était en préparation de la suite de sa saga culte. Aujourd’hui, dans cette chronique, je suis en capacité de vous annoncer le titre, la date de sortie et le pitch du roman !
Cette fameuse suite sera en réalité un prequel, centré sur le président Snow, que vous avez découvert dans la saga, et sa jeunesse y sera dévoilée. L’action se déroulera 74 ans avant les aventures de la jeune Katniss Everdeen. Onze ans après la sortie de la trilogie, La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur - parce que c’est son titre - devrait paraître les 19 et 20 mai à l’international. Mais pour vous permettre de patienter, l’autrice a dévoilé un extrait du roman, permettant d’en découvrir le héros - le jeune Coriolanus Snow - avant qu’il ne devienne le président de Panem. Je ne vous en dis pas plus, et vous laisse découvrir ce fameux extrait au gré de votre envie. Rendez-vous en mai prochain !
Mais le sujet principal de cette chronique n’est pas Suzanne Collins, non. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous présenter une jeune autrice afro-américaine qui, à seulement 32 ans, a déjà changé le paysage littéraire et cinématographique américain. Je vais donc vous parler aujourd’hui d’Angie Thomas. Si son nom ne vous dit peut-être rien, son premier roman, lui, vous avez du le voir passer : il s’intitule The Hate U Give. Je sais que ce titre a résonné dans vos esprits : publié en 2017, le film a très vite été adapté au cinéma en 2018, par la feu Fox, sous le titre The Hate U give : La Haine que l’on donne, un film réalisé par George Tillman Jr, et mettant en scène notamment, la jeune Amandla Stenberg et Regina Hall.
The Hate U Give, dès sa sortie, devient un best-seller, se classant numéro 1 des ventes young adult du New York Times pendant plus de 6 mois : 300.000 exemplaires écoulés.
Mais que s’est-il passé avant tout ça ? Eh bien Angie naît en 1988 à Jackson, dans le Mississippi, et passe son enfance dans la petite ville de Georgetown. Enfance marqué par un événement traumatisant : elle est témoin d’une fusillade déclenchée par des trafiquants de drogue à l’âge de 6 ans. Passionnée de littérature, elle étudie à la Belhaven University, où elle obtient un diplôme d’écriture créative en 2009. La même année, Angie décide d’écrire une nouvelle intitulée The Hate U Give (prémisse d’un futur à succès), alors qu’elle est marquée par la mort d’Oscar Grant, un jeune noir tué par la police. Mais en 2015, et alors qu’elle est secrétaire pour un évêque, elle reprend sa nouvelle pour la transformer en roman, adoptant le point de vue d’une témoin qui aurait assisté à l’interpellation et à la mise à mort du jeune homme : The Hate U Give tel qu’on le connaît est né. Pour se faire éditer, on peut dire que c’est la galère, puisque personne ne veut de son roman : elle soumet alors son livre à une organisation à but non-lucratif, la We Need Diverse Books. Celle-ci l’accepte, et même plus, le récompense du prix Walter Grant, premier des 6 prix que recevra le roman. Il est ensuite édité par HarperCollins, et devient un best-seller mondial.
Angie puise avant tout son inspiration dans le mouvement Black Live Matters, qui depuis 2013, rassemble à travers les Etats-Unis des militants afro-américains pour dénoncer les violences policières et le racisme systémique envers les Noirs. Et son titre, The Hate U Give, ça doit vous dire quelque chose aussi : et si je vous dis que le titre était à l’origine The Hate U Give Little Infants Fuck Everybody ? Eh bien vous feriez peut-être le lien avec Tupac, puisque c’est un acronyme de son tatouage “T.H.U.G L.I.F.E” : en effet, le rap jalonne le livre comme il a jalonné l’adolescence d’Angie, qui aimait rapper elle aussi. D’ailleurs, Angie a toujours dit qu’elle voulait "être une combinaison de Tupac et de J.K Rowling".
Et surtout, retenons qu’Angie écrit pour les jeunes. Quand on lui demande pourquoi, elle explique : “Je voulais écrire pour les adolescents parce que les adultes sont ennuyeux. J’ai beaucoup plus d’espoir en les jeunes. Parfois, je me dis que les jeunes pour qui j’écris pourraient devenir président demain. Et je suis fermement convaincue que si certains de nos dirigeants politiques avaient lu des livres sur des jeunes qui ne leur ressemblent pas, ils seraient peut-être différents. Imaginez si Donald Trump avait lu un livre sur des jeunes latinos quand il était enfant. Peut-être qu’il ne parlerait pas de construire des murs, mais plutôt des ponts.”
Début janvier sortait son deuxième roman, On the come up, en français, Parée pour percer – Tu peux pas m’arrêter. Inscrit dans le même univers que The Hate U Give, il s’inspire des expériences de l’autrice, mais sert aussi de réponse à la controverse qui a entouré son premier roman. En effet, The Hate U Give a été interdit dans certains districts scolaire des Etats-Unis, après que beaucoup de gens se soient opposés au roman. Angie dit à ce propos : “Je souhaitais parler aux jeunes que cela énervait, leur dire que même lorsque quelqu’un essaie de les faire taire, ils doivent continuer à faire du bruit.”
On souhaite le même succès pour ce roman que celui du premier, et une longue carrière à Angie, l’une des autrice les plus prometteuses de ce siècle. Et nous lui souhaitons aussi que son rêve se réalise, que je cite “Nous sommes à une époque intéressante aux Etats-Unis, où nous avons des dirigeants qui reflètent les parties les plus laides de notre société, mais nous avons aussi des gens qui sont prêts à lutter contre ça, à essayer de comprendre les autres. Nous nous améliorons donc et j’espère qu’un jour nous arriverons au point où The Hate U Give deviendra obsolète, où personne n’aura plus besoin de rappeler que « black lives matter » [la vie des Noirs compte].”
En tout cas, l’histoire d’Angie nous aura encore prouvé que les écrivaines n’ont certainement pas écrit leur dernier mot.
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