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"Bonjour Tristesse", Françoise Sagan

 

 

"Je me rendais compte que l'insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d'arguments pour se défendre."

 

    

L'été de ses 17 ans, Cécile, jeune adolescente insouciante, part en vacances sur la Côte d'Azur en compagnie de son père, Raymond, et d'Elsa, sa maîtresse du moment. Jeunesse en pension, habituée à une vie oisive, elle s'habitue facilement à la vie de veuvage de son père et jouit de sa liberté. Anne, une ancienne amie de sa mère disparue, est également invitée. Femme séduisante et brillante, Anne prend très vite en main la vie de Cécile, en décidant notamment de la faire travailler (elle qui a raté son baccalauréat), et voit également d'un œil critique la relation toute nouvelle qu'elle entretient avec Cyril, un étudiant de passage. Anne, peu à peu, prend de la place dans leur vie, si bien que Raymond, délaissant Elsa, en tombe amoureux.

Il décide alors de l'épouser. Cécile, tout à coup, a peur. Peur de perdre cette liberté, peur de cette femme intelligente qui trouble son existence.

 

La première fois que j'ai lu Bonjour Tristesse, j'avais 17 ans, et ne savait alors que très peu de choses de l'existence. La première tentation aurait été de m'identifier à Cécile. Il n'en fut rien. L'histoire me parut inutile, le livre, vide. J'étais en colère contre les personnages, contre l'écrivaine qui semblait les détester, et contre l'histoire qui n'en faisait qu'une bouchée.

 

J'aurais du m'apercevoir que déjà, le roman me touchait, m'émouvait. Son fantôme m'a poursuivie durant de longues années, et parfois dans mes pensées profondes je me prenais à songer à Anne et Cécile. J'éprouvais de la tristesse.

Peut-être n'avais-je pas compris, à ce moment-là, ce que l'autrice voulait me dire.

 

L'été 1953, Françoise Quoirez rédige en cachette son premier roman en six semaines seulement. Elle le confie à son amie Florence Malraux, sa première lectrice, qui, épatée, fait jouer ses relations et confie le manuscrit à Colette Audry, collaboratrice aux Temps Modernes, qui tombe sous le charme de l'histoire de Cécile et saisit parfaitement l'inconscience et la cruauté de cet âge. La machine est alors lancée.

Le livre est publié le 15 mars 1954. Dès sa sortie, l'histoire provoque un scandale foudroyant, se vend à des milliers d'exemplaires et obtient le Prix des Critiques la même année. Le roman devient très vite un classique de la littérature française, qu'Otto Preminger adaptera à l'écran quatre ans plus tard. Françoise Quoirez, nouvellement Françoise Sagan grâce à son amour pour Proust, n'a que 18 ans.

 

C'est cela, qu'elle a voulu nous dire. Que la jeunesse peut être cruelle autant qu'elle peut être belle. Sagan nous fait le portrait de cette jeunesse à travers le personnage de Cécile, et par ses personnages féminins aux multiples facettes, décrit une féminité intelligente et sensible, brillante dans tout ce qu'elle a de surprenant. Le style éloquent et travaillé de l'autrice permet une lecture fluide et d'une simplicité qui plaît aux débutants comme aux initiés.

Mais elle nous parle aussi de l'amour, dans tout ce qu'il a d'éternel ou d'éphémère, et de l'art, et de la volonté de créer.

Et finalement, le maître mot de cette histoire, il est là : l'insouciance. Vivre libre sans se soucier des conséquences, que l'on soit jeune ou moins jeune.

Le livre est empreint de paradoxes. Les personnages s'affrontent au même titre que les lieux et les sentiments. Nos émotions se prennent alors au jeu de ce grand huit : colère et tristesse, joie et sérenité, tout y passe. On se surprend même à vouloir que tout cela s'arrête, parfois. A retrouver du calme, du repos. Car Sagan nous met à l'épreuve : aurez-vous le courage de finir cette histoire ?

Moi je l'ai fini, et je m'en souviens encore.

 

 

"Seulement quand je suis dans mon lit, à l’'aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, ma mémoire parfois me trahit : l’été revient et tous mes souvenirs. Anne, Anne ! Je répète ce nom très bas et très longtemps dans le noir. Quelque chose monte alors en moi que j'accueille par son nom, les yeux fermés : Bonjour Tristesse."

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Commentaires: 1
  • #1

    Reymann (mercredi, 06 mars 2019 16:31)

    On me dit toujours que mes lectures sont trop sérieuses ; je vois là un bon moyen de lire des classiques tout en ne passant pas trois mois à comprendre l'œuvre ! Merci