"Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier. J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés.
Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux."
Diane, propriétaire des Gens heureux lisent et boivent du café, un café littéraire, perd soudainement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, seuls les battements mécaniques de son cœur la maintiennent en vie. Une vie douloureuse, obstinée. Inutile. Egarée dans les limbes du souvenir, Diane ne fait que survivre. Accablée par le chagrin, et pour échapper à son entourage qui lui enjoint à reprendre pied, elle s'exile en Irlande, à la recherche de sa propre existence.
Né de l'imagination d'Agnès Martin-Lugand en 2013, Les Gens heureux lisent et boivent du café n'est pas un livre ordinaire. Il pourrait vous paraître gentil, ou simple. Peut-être vous
semblerait-il facile. Il n'en est rien.
Véritable drame contemporain, cette histoire pourrait être la mienne, comme elle pourrait être la vôtre. Comment se reconstruire après tout ce qui fait votre bonheur, votre vie entière, disparaît
? Comment faire face à la mort d'êtres aimés, au deuil, à la solitude, à la dépression, à l'enfermement psychologique, à la non-compréhension du monde ?
Comment ne pas devenir fous ou folles, quand vous vivez dans la volonté d'être mort.e, sans avoir la volonté de mourir ?
Diane ne le sait pas non plus. Nous ne le saurions pas non plus. Voilà de quoi ça parle. D'une femme qui ne sait pas comment faire. D'une femme qui tente par tout les moyens de trouver
l'apaisement, et qui décide, pour cela, de partir. Bien loin de chez elle, du souvenir, elle cherche la solution. Les paysages, les rencontres, le destin, ou peut-être juste le hasard, l'aideront
à poser bagages. A trouver le repos de la guerrière.
Dans son roman, l'autrice nous parle du combat d'une femme contre son propre esprit, de la mécanique du deuil et du souvenir. Comment le repos toujours trouve chemin, et comment la douleur,
toujours, passe. Il ne suffit pas de vouloir, pour être. Il faut croire.
C'est tout cela, que m'a appris ce livre. Dans un style élégant et agréablement fluide, l'écrivaine nous fait voyager et nous laisse entrer dans la tête de son héroïne. A travers ses mots,
l'odeur saline des plages irlandaises viennent picoter le nez, les arômes de la bière glissent dans la gorge, les larmes de Diane coulent sur les joues, et son rire, aussi. Grâce à Diane, Agnès
Martin-Lugand nous conte en fait une jolie histoire : la nôtre.
Et si je ne vous ai pas convaincu.e.s, souvenez-vous de ceci : j'ai commencé ce roman sans savoir de quoi il retournait, simplement parce que j'aimais lire et boire du café.
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