C'est bien connu : les femmes écrivent des livres destinés aux femmes. Préjugé persistant malgré une société culturelle toujours plus moderne, le "on" général reste à penser que les écrivaines travaillent pour un public majoritairement féminin, traitant ainsi de sujets qui touchent certainement plus les femmes. L'écriture dite "féminine" serait alors un genre à part, un style d'écriture réservé à un lectorat de personnes qui se plaisent à parler amour, cuisine et sentiments.
Parlons de Jo. Jo est une jeune femme de vingt-huit ans. Elle vit en Angleterre, avec sa fille de six mois, qu'elle élève seule suite à l'échec de son mariage somme toute catastrophique. Elle a perdu sa mère il y a trois ans de cela. Elle est déprimée, fauchée, et suicidaire. Ayant abandonné son poste de professeure à l'étranger, elle survit grâce aux allocations et écrit un livre destiné aux enfants. Après plusieurs lettres de refus, il est acheté par un éditeur, qui lui dit alors que ses chances de vivre de la littérature pour enfants sont minces. Heureusement pour elle, son livre touche autant les plus jeunes que les plus vieux. Elle y raconte l'histoire d'un jeune garçon qui voit sa vie totalement bouleversée par une lettre et l'arrivée d'un géant. Son nom ? Harry Potter. Soixante-sept traductions et 450 millions d'exemplaires plus tard, Harry Potter devient la deuxième saga la plus rentable de l'histoire. Son lectorat, loin d'être essentiellement féminin ou enfantin, rassemble tous genres de personnes et vient de tous horizons. Elle se considère elle-même comme étant "l'écrivaine la plus libre du monde".
Parlons de Suzanne. Fille d'un officier américain, Suzanne ne cesse de déménager de base militaire en base militaire. Envoyé au Vietnam, son père y restera durant un an. Malgré les précautions de sa mère pour protéger ses enfants des images de la guerre, Suzanne tombe sur des émissions témoignant de toute la violence du conflit. Elle assistera alors plus tard aux crises d'angoisse et aux cauchemars de son père, souffrant alors de troubles post-traumatiques. Cette enfance marquée par la violence lui inspirera un livre abordant des thèmes tels que la pauvreté, la famine, les conséquences de la guerre. Elle intitule son roman The Hunger Games. Une trilogie, 26 millions d'exemplaires, autant de lectrices et de lecteurs.
Parlons d'Agatha qui, en 1920, écrit son premier roman, le premier des soixante-sept qui composent son œuvre, et crée par la même occasion le personnage du détective belge Hercule Poirot. Petite fille pleine d'imagination, bercée dans la pratique de l'écriture, Agatha Christie devient l'écrivaine la plus vendue et la plus traduite dans le monde.
Parlons de toutes ces femmes qui un jour, ont écrit pour elles-mêmes, puis ont livré leur travail au monde.
Magie, guerre, mystère, intrigue, amitié, courage et combat : autant de thèmes qui se retrouvent dans l’œuvre de ces écrivaines libres de leur art et de tous stéréotypes.
Il est vrai : les écrivaines écrivent aussi pour des femmes. Elles écrivent pour des personnes qui voudront bien s'intéresser à leurs œuvres et se retrouveront dans leurs mots, sans préjugés, ni jugements.
C'est bien connu, pourtant.
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